Si vous m'en aviez demandé à ce moment là les raisons, je vous aurais donné toute une liste. Le prétexte principal était sans doute la naissance d'un autre bébé. Autrefois l'église et son travail avaient été importants pour moi. J'avais accepté Jésus Christ comme Sauveur lors d'un rallye de "Jeunesse pour Christ" peu après mon douzième anniversaire, Je n'oublierai jamais ce soir-là. Je suis rentrée chez moi avec l'assurance du pardon de mes péchés et le désir brûlant dans mon coeur de vivre pour le Seigneur.
J'étais enthousiasmée par ces premières expériences de ma vie chrétienne, avec l'étude de la Bible, la mémorisation des versets, le chant des choeurs et cantiques dans les réunions et à l'école du dimanche.
Je n'avais aucuns idée de l'importance que ces choses allaient revêtir plus tard pour moi. Je ne pouvais pas savoir qu'un jour Dieu allait utiliser ces mêmes versets bibliques et ces mêmes petits choeurs de l'école du dimanche pour me faire sortir d'un système religieux qui allait m'enlacer et me désorienter.
Le temps s'écoule vite. Bientôt je me suis retrouvée mère de quatre enfants. Puis le nouveau poste d'enseignant de mon mari nous a obligés à déménager. J'ai été ravie de connaître notre nouvelle maison. Les voisins nous ont accueillis rapidement et chaleureusement. Nous étions très occupés. Tout allait bien. J'étais contente. Tout semblait presque parfait, tout sauf ma position vis-à-vis de Dieu. Nous n'étions membres d'aucune église. Ma Bible restait fermée.
De temps en temps la pensée me venait que je devais aller à la réunion, mais je me disais que je ne savais pas où aller et que je ne voulais pas me tromper dans le choix d'une église pour en être déçue. J'allais apprendre péniblement la leçon contenue dans l'exhortation de l'Epître aux Hébreux, Ch. 10 verset 25:
"N'abandonnons pas notre assemblée comme c'est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d'autant plus que vous voyez s'approcher le jour".
Quand, pour la première fois, deux missionnaires mormons sont venus frapper à notre porte, cela faisait plus d'un an que je n'avais été à une seule réunion. Ils ont demandé si je pouvais leur accorder quelques minutes pour "discuter sur l'Evangile"; ces "quelques minutes" se sont rallongées pour devenir une heure et demie. Pendant ces quatre-vingt-dix minutes, je me suis laissée fasciner par les étranges affirmations de ces mormons bien entraînés. Quand ils ont demandé s'ils pouvaient revenir la semaine suivante pour une deuxième "discussion", j'ai accepté sans hésiter.
Malgré leur visite je n'avais aucune intention de me convertir au mormonisme. J'avais considéré cette expérience comme une bonne occasion d'apprendre en direct les doctrines d'une autre religion, c'est tout. Néanmoins, au cours des trois mois qui ont suivi, je ne faisais que dévorer les livres mormons : "Le livre de Mormon", "Doctrines et Alliances", "La Perle de grand prix", en plus de bien d'autres prospectus et ouvrages écrits par les autorités de l'église mormone.
Au bout de trois mois, j'étais complètement convaincue que Joseph Smith était en effet un prophète de Dieu et l'instrument par lequel Dieu avait restauré sur la terre la plénitude de l'Evangile. Le 12 Août 1960 j'ai été baptisée dans "l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours", ayant pleinement l'intention d'exercer sur ma famille et mes amis la pression nécessaire pour qu'ils deviennent mormons à leur tour.
Sans perdre de temps, je devins active dans l'église. Au bout de peu de temps, j'ai commencé à remplacer le moniteur de la classe pour adultes de l'école du dimanche, et je jouais souvent au piano pour la réunion de la communion.
Tous les efforts étaient bons pour amener nos enfants à l'église. Les deux aînés, alors des garçons de dix et de huit ans, furent bientôt prêts pour le baptême, car, d'après l'enseignement mormon, l'enfant devient responsable à l'âge de huit ans. Dés cet âge, tous ceux qui comprennent l'Evangile prennent le baptême. Plus tard, quand ils eurent douze ans, ils ont été nommés "diacres dans la prêtrise d'Aaron, et l'aîné, à quatorze ans, a été ordonné comme enseignant dans cet ordre. J'étais fière et contente de ce qu'on les considérait dignes d'assumer ces responsabilités.
Mon engagement dans le mormonisme ne cessait de croître. Devenue monitrice à l'école du dimanche, j'ai aussi servi comme visiteuse.
Depuis que j'ai quitté l'église mormone, on m'a demandé si je me considérais comme une "bonne mormone". Pour ne pas paraître orgueilleuse, je préfère éviter les mots "bonne mormone, mais il est vrai que j'étais une mormone active et studieuse. Je m'appliquais non seulement à soutenir les activités de l'église, mais aussi à m'approfondir dans les doctrines que je considérais divines. Pendant mes premières années dans "l'Eglise des Saints des Derniers Jours", j'étais constamment étonnée et émerveillée par les réponses que les écrits mormons semblaient donner aux questions qui m'avaient toujours intriguée.
Le plus réconfortant était l'enseignement mormon concernant le baptême pour les morts. Si l'un de mes bien-aimés mourrait sans accepter Christ, je n'avais pas à m'en faire, car il aurait de nouvelles occasions après cette vie et je pourrais être baptisée pour lui. Cependant, mon désir de savoir et de comprendre toutes les doctrines de cette église est devenu finalement le facteur déterminant pour me sortir du mormonisme. A mesure que j'approfondissais l'étude des doctrines de l'église mormone, j'ai commencé à voir les différences entre la simplicité de l'Evangile de la Bible et la complexité de "l'Evangile'' des mormons.
Il est assez difficile de décrire comment je me sentais, quand ces doutes se sont mis à poindre en moi. Disons que je me sentais "cloisonnée" dans un dédale de doctrines mormones. Je connais à présent l'expérience dont a parlé l'apôtre Paul quand il écrivait dans :
"Toutefois, de même que le serpent séduisit- Eve par sa ruse, je crains que vos pensées ne se corrompent et ne se détournent de la simplicité à l'égard de Christ".
Les mêmes doctrines de l'église mormone que j'avais trouvées enthousiasmantes au début, je les ai trouvées frustrantes. Il me semblait que chaque fois que j'ouvrais ma Bible, teI verset me sautait aux yeux pour réfuter la doctrine que j'avais épousée.
Il y avait 1 Corinthiens 2. 2: "Car je n'ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus Christ, et Jésus-Christ crucifié".
"Dieu nous a sauvés, et nous a adressés une sainte vocation, non à cause de nos oeuvres, mais selon son propre dessein, et selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus-Christ avant les temps éternels". (2 Timothée 1.9).
"Dieu nous a sauvés, non à cause des oeuvres de justice que nous aurions faites, mais selon sa miséricorde, par le baptême de la régénération et le renouvellement du Saint-Esprit." (Tite 3 . 5).
En considérant avec un regard rétrospectif, les deux dernières années de ma vie mormone, je m'étonne de l'oeuvre merveilleuse de Dieu pour me ramener à lui. Comme seul il peut le faire, il a fait revenir les souvenirs d'une expérience avec Christ qui m'avait apporté la paix et non la confusion. Il m'a fait connaître de véritables chrétiens qui me rendaient témoignage avec sagesse et aussi dans un esprit de prière. On peut dire qu'il contrôlait les circonstances et les événements de façon si parfaite qu'il m'était impossible de ne pas voir sa volonté pour moi.
Si je n'avais rien connu de mieux, peut-être que le mormonisme m'aurait satisfaite, mais une fois au courant de la réalité, je ne pouvais me contenter d'une simple religion.
Le petit choeur "quelque chose s'est passé pour moi quand il m'a sauvé" ne cessait de revenir à mon esprit. II est vrai que pour le moment je n'étais pas encore prête à renoncer aux doctrines mormones, mais j'étais bien obligée d'admettre que quelque chose ne s'accordait pas avec ma religion actuelle. J'essayais de m'expliquer que certainement je n'étais pas encore assez profonde dans la foi mormone. Ainsi j'ai continué à faire des recherches dans les écritures mormones et à mettre en pratique mes devoirs dans l'église.
C'est à ce moment-là que le désir m'est venu d'assister à une réunion d'évangélisation d'une église évangélique, comme celle que j'avais connue dans le passé. Il me tardait de chanter avec les autres les cantiques bien connus et d'entendre un message fondé entièrement sur la Bible. Dieu a été fidèle; en réponse à ce désir, il m'a envoyé des amis chrétiens qui m'ont aidée à assister à leurs réunions.
Quand Madame Barsuhns s'est présentée à ma Porte, c'était uniquement pour des raisons professionnelles. Je ne savais pas que c'était également pour les affaires de Dieu. Elle est venue pour parler de ma chaudière, mais avant qu'elle parte, nous avons parlé de la foi. Ce jour-là elle m'a remis une invitation aux réunions de son église. Elle s'est même proposée de s'arrêter en chemin pour que nous y assistions ensemble.
Ma présence à la réunion du soir de cette église évangélique s'est répétée de temps à autres par la suite. Pour rien au monde, je n'étais prête à abandonner mes croyances mormones, mais je trouvais les réunions agréables, et j'ai adopté le raisonnement suivant: ces gens parviendraient peut-être un jour à comprendre "le reste de la vérité" qui était maintenant détenu par "l'Eglise de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours".
Mais en fin de compte je me suis trouvée dans une plus grande lutte intérieure que jamais auparavant. Au départ, mes études de la littérature mormone en vue de mes responsabilités dans l'église m'avaient permis de répondre à la plupart des questions qui se posaient à mon esprit, mais désormais il me fallait étudier des journées entières pour consolider ma foi dans le mormonisme.
Ce qui rendait la tâche encore plus pénible, c'est qu'apparemment tout ce que je lisais dans la Bible, au lieu de soutenir mes croyances mormones, tendait plutôt à les détruire. Je me rappelle de façon particulière le moment où j'ai lu dans Galates 1. 8.
"Mais, quand nous-mêmes, quand un ange du ciel annoncerait un autre évangile que celui que nous avons prêché, qu'il soit anathème".
J'ai pensé au soi-disant entretien qu'a eu Joseph Smith avec l'ange qui, d'après les déclarations des mormons, lui a remis les écrits du livre de Mormon J'ai fait des efforts considérables pour chasser cette pensée de mon esprit. Comment pouvais-je renoncer à des croyances que j'avais approfondies pendant cinq ans ? Quel genre de réaction serait déclenchée chez les membres de ma famille et mes amis par une telle volte-face? Que penseraient les gens de ma classe à l'école du dimanche? Devenant plus malheureuse chaque jour, je me débattais désespérément avec ces questions.
Le dernier Dimanche d'août J'ai ressenti à nouveau le désir d'assister à une réunion d'évangélisation. Ce sentiment se présentait de plus en plus souvent. De soir-là j'ai choisi l'église de North Lincoln, dont le pasteur m'avait rendu visite à la maison. J'avais apprécié sa sincérité.
En rentrant à la maison après la réunion, je me culpabilisais d'avoir tant apprécié cette réunion. La chose ne pouvait être normale pour une monitrice appartenant aux mormons.
Le sommeil s'enfuit loin de moi, cette nuit-là. Je ne pouvais dormir tant que toutes ces questions, d'une telle importance, demeuraient sans réponse. Une chose était sûre: il m'était impossible de continuer, perturbée comme je l'étais. Je ressentais qu'avant la fin de la semaine, il me fallait savoir ce que je devais faire. C'est ainsi que j'ai prié Dieu pour qu'il me montre dans la semaine ce qu'il voulait que je fasse.
Le mercredi après-midi de la même "semaine de la décision" j'ai reçu un coup de téléphone du pasteur Campbell de l'église de Benton Harbor. Cela faisait longtemps que je n'avais pas eu de ses nouvelles et j'étais parvenue à la conclusion qu'il avait abandonné tout espoir de me faire quitter le mormonisme. Il m'a fait savoir que ce soir-là un "missionnaire auprès des mormons" allait parler et il m'a invitée à venir l'écouter. Il a ajouté que je pourrais lui parler en particulier, après la réunion, si je le désirais.
Je me souviens que tout en tenant le combiné à la main, j'étais en train de me demander si cet appel n'était pas la réponse à ma prière. J'ai remercié le pasteur de m'avoir appelée et je lui ai assuré, que si c'était possible, je serais à la réunion. J'étais décidée à donner au Seigneur carte blanche, soit pour confirmer ma foi mormone, soit pour l'enlever entièrement.
En écoutant le Rev. Richard Manion de Pocatello qui parlait de son travail parmi les mormons, j'ai senti que l'auto-défense mormone, que je construisais depuis cinq ans, passait à l'action.
Lors de son exposé j'ai pris des notes avec l'intention de réfuter ses affirmations dans de l'entretien qui allait suivre. J'étais vexée par plusieurs de ses paroles. Au moment de l'offrande pour son travail j'ai refusé d'y contribuer un seul centime. Puis, après la réunion, j'ai trouvé qu'il était en mesure de répondre à plusieurs de mes questions. On a discuté sur de nombreuses doctrines de l'église mormone. On m'a montré les versets bibliques qui s'y rapportent. J'ai surtout remarqué que le pasteur et le missionnaire ramenaient constamment la conversation sur le sujet du plan du salut. Chaque fois ils insistaient sur le fait que personne ne peut jouir de la paix avec Dieu si son salut n'est pas fondé sur la grâce de Dieu par la foi en Christ. Ils m'ont poussé à lire l'Evangile de Jean et l'Epître aux Romains, dans lesquels ils étaient sûrs que Dieu me donnerait les réponses que je réclamais même si je craignais de les trouver.
Je suis rentrée à la maison ce soir-là pour passer par une nouvelle expérience de luttes et de recherches. Pendant la nuit j'ai lu en entier l'épître aux Romains me retrouvant encore une fois devant le dilemme de voir mes croyances apparemment détruites par la clarté des affirmations de la Bible: je n'ai pu trouver d'échappatoire pour éviter l'enseignement si clair de Romains 4. 5: "A celui qui ne fait point d'oeuvres, mais qui croit en celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice".
La lumière commençait à poindre. J'avais demandé au Seigneur de mettre fin à mes recherches au cours de la semaine. Le coup de téléphone du pasteur Campbell était venu mercredi. Mercredi soir j'avais rencontré le missionnaire auprès des mormons. Puis pendant des heures, j'avais lu à fond l'épître aux Romains. Le tout avait suscité d'autres questions qui nécessitaient un nouvel entretien avec le pasteur, le jeudi. Dans la journée du vendredi c'était la lecture d'un livre formidable écrit par Bieder Wolf, portant le titre :"Mormonisme sous la lumière". A mesure que je suivais l'analyse du Dr. Wolf concernant la doctrine et l'histoire des mormons, comparées à l'enseignement de la Bible, les questions que je me posais encore trouvaient leur réponse. Une fois le livre terminé je savais sans aucun doute comment je devais agir. C'est comme si un grand poids s'était envolé de mes épaules.
Séance tenante je me suis agenouillée dans la prière afin de revenir à mon Sauveur. En priant, j'ai ressenti le merveilleux pardon de Christ. A nouveau je me baignais dans la paix et la joie que seule une confiance totale dans la Personne de Jésus peut apporter.
En me relevant, je savais que je devais faire face à plusieurs tâches difficiles, dont la démission de mes responsabilités dans l'église mormone et l'explication du changement de vie auprès de ma famille et mes amis ne seraient pas les moindres. Pourtant en même temps j'étais certaine que Jésus me donnerait la force pour accomplir tout ce qu'il voulait de moi.
J'avais raison: Christ a suffi dans toutes les situations. Le fait de réaliser que Christ nous suffit est devenue une de mes meilleures bénédictions.
Mes cinq années comme mormone m'ont appris bien des choses. Je comprends maintenant l'importance de la fidélité aux réunions d'une église où l'on enseigne la Bible, pour empêcher les chrétiens d'être ballottés par tous vents de doctrine. Je réalise combien il est important de témoigner à ceux qui sont enlacés dans l'erreur, comme d'autres personnes ont pris le temps pour me témoigner.
Je sais que ça vaut la peine de prier pour ceux qui ont besoin d'aide spirituelle, car depuis lors, j'ai découvert que beaucoup de personnes priaient pour moi.
Ces cinq années m'ont également laissé un grand fardeau pour tous les gens sincères au sein de l'église mormone, pour qu'ils connaissent quelque chose d'infiniment plus valable qu'une simple "religion". Ainsi à tous les mormons qui liront les paroles de mon témoignage je laisse les versets suivants:
Ephésiens 2.8-9:
"C'est par grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu". Ce n'est point par les oeuvres' afin que personne ne se glorifie".
Romains 5.1.
"Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ".
Extrait du livre "Pourquoi nous avons quitté les mormons" édité par
Le Témoignage Evangélique
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40000 MONT DE MARSAN